Le Perroir d'Ault

En temps clair normal on voit à gauche jusqu'au bout de la pointe d'Ally au-delà de Dieppe: à droite jusqu'à Berck et Etaples dont avec la lorgnette on discerne les phares. Mais par certains temps exceptionnels en été on voit bien plus loin: la vue découvre à gauche une langue de terre qui dépasse le site de Dieppe. Et à droite, on voit en mer une cote qui dépasse autant Berck et Etaples que ces pointes dépassent l'entrée de la baie de Somme. Celle-ci se termine par un massif de collines qui n'est autre chose que le Boulonnais.

Le soir, on voit à gauche le feu de marée de la jetée du Tréport, avant la guerre on voyait les lumières du casino de Dieppe et plus au large on voit ou apperçoit le feu à éclats de la pointe d'Ally. A droite au plus près on voit le feu rouge à éclat du nouveau Brighton faisant suite à Cayeux, puis un feu faible à éclats, celui de Berck, puis très près de lui un feu à éclats plus puissant le feu d'Etaples ou Paris-Plage, mais certaines nuits ou le ciel est très bas,  on voit plus loin encore: on aperçoit le reflet sur les nuages bas du puissant feu à éclats du Cap-Grisnez sous forme d'une faible lueur. Il va de soi que celle-ci ne peut se voir du bas; c'est seulement du haut de la falaise qu'on l'aperçoit.

On a parlé de l'existence d'un port à Ault même. Il serait peut-être aussi difficile de l'affirmer que de le nier. mais Ault a eu un port approximatif au perroir d'Ault qui est le site s'étendant à Onival au pied de l'Hotel Continental. Il y avait là une agglomération de maisons de pécheurs, ou plutôt peut-être de huttes et cabanes; il y avait là un échou pour bateaux de pêche, c'est-à-dire que ceux-ci venaient a mer haute s'échouer sur le galet. Il y avait même des cabestants pour hisser les bateaux sur le rivage: ils figurent sur un ancien plan et à une époque qu'on peut guère préciser il a été construit en mer, partant du rivage, une sorte de jetée ayant une centaine de mètres de longueur dont on voit les restes sous forme de grosses poutres horizontales et verticales ou plutôt obliques, le tout devait former des caissons qu'on remplissaient de galets.

Le Perroir fut évacué et démoli dans les premières années du siècle dernier, de grosses tempêtes obligeaient la population à fuir un habitat devenu dangereux. les cabanes furent démolies et les matériaux furent employés à de nouvelles constructions, dont plusieurs subsistent en des sites moins exposés à la colère de la mer. Il y avait au Perroir au moins un chantier de construction de bateaux de pêche et celui-ci travaillait encore vers 1830. Il existe un plan du perroir d'Ault vers la fin du XVIIIème siècle.